Nous quittions relativement tôt Salta  ce matin là, juste après que notre loueur ait pu récupérer chez le garagiste, le dernier véhicule

disponible que nous avions pu in-extrémis dénicher en ville . Après avoir tourné un peu dans des rues fermées à la circulation pour cause

de manifestations, et le réservoir vide, nous dénichions une station service le long de la ruta 68  . Nous allions l' emprunter nous dirigeant vers

le Sud, longeant dans un premier temps, la vallée de Lermas . Nous la quittions à hauteur de El Carril, empruntant plein Ouest la ruta 33 .

La route défoncée par endroits, s' est faite alors beaucoup plus étroite ; rapidement, elle devenait plus sinueuse également ... Nous abordions

un paysage à la végétation luxuriante : la Quebrada de Escoipe, surplombant le rio du même nom . Nous en traversions à plusieurs reprises

le cours, franchissant des ponts en fer et planches de bois, plus ou moins brinquebalants . Sur les pentes des montagnes rouges et vertes,

nous découvrions nos premiers cactus !

Les décors avaient radicalement changés alors que nous nous élevions sur les monts pelés de la Cuesta del Obispo . Nous gravissions désormais en lacets, une piste poussiéreuse sur laquelle par endroits, il aurait été difficile d' y croiser un camion (certains panneaux routiers peuvent paraître un peu effrayants !) ... Nous croisions les doigts et serrions un peu les fesses, mais nous avions déjà par le passé, emprunté des itinéraires bien plus périlleux !

Nous avions atteint le point culminant de ce très bel  itinéraire : le col de la Piedra del Molino (3 457m d' altitude tout de même !) .

Depuis sa petite chapelle, on y a bénéficié d' un panorama vraiment grandiose . Nous retrouvions une route parfaitement goudronnée ; elle traversait cette fois, de superbes paysages constitués par de hauts-plateaux dénudés : le Cachi Pampa . Une longue route droite : la Recta Tin Tin  traverse sur 14 km, cette zone semi-désertique recouverte de milliers de cactus candélabres . Nous traversions le parc national Los Cardones  (nom issu précisément, de cette variété de cactus) .

A Payogasta, nous rejoignions la ruta 40  . Nous avions déjà parcouru près de 180 km lorsque nous parvenions au village de Cachi .

Nous y faisions une très agréable étape . A  2 280m d' altitude, il occupe le fond d' une vallée, au pied du Nevado de Cachi, culminant à plus

de 6 000m d' altitude et dont nous en apercevions les cimes enneigées .

Dans cet ancien bourg colonial s' alignent le long de tranquilles ruelles pavées, des maisons basses . Leur blancheur immaculée reflétaient les rayons du soleil jusqu' à parvenir à nous éblouir !

Cette région est l' une des plus pauvres d' Argentine . Ses quelques habitants qui semblent encore s' y accrocher, paraissent difficilement

parvenir à subsister . Ils y cultivent ail et piment, accueillent les quelques voyageurs comme nous de passage, ou ceux plus rares, qui semblent s' y attarder un peu plus .

La place principale est plantée de poivriers, d' eucalyptus, de pins et de palmiers ; cela lui confère un petit cachet méridional . A ses côtés, l' église et le bâtiment abritant le musée archéologique, offre une très belle unité architecturale .

Nous quittions Cachi  un peu à contre cœur, car il nous a semblé qu' il devait vraiment être agréable de s' y reposer l' espace d' une nuit, après avoir été randonner dans ses environs ... Nous n' en avions pas le temps !

Nous empruntions à nouveau la ruta 40  : la mythique piste longeait le rio Calchaqui  ; nous allions les suivre l' une et l' autre, jusqu' à atteindre

le lendemain, Cafayate .De part et d' autre nous découvrions les très nombreuses ruines de maisons en pierre sèche, appartenant à d' anciens villages calchaquis  (des indiens de culture quechua) . Nous marquions une nouvelle étape à Seclantas, un autre joli et paisible village aux maisons blanches . Il abrite également, près d' une agréable place ombragée par des palmiers, une belle église .

La ruta 40  est une route nationale ... simple piste, elle était pourtant de plus en plus accidentée . Il ne nous ait cependant pas paru nécessaire

de posséder un véhicule de type 4x4 : à 40 km/h la progression de notre C3 nous convenait tout à fait, elle nous permettait d' admirer les somptueux paysages composés de vallées arides et de moyenne montagne .

La verte vallée du rio Calchaqui s' était élargie . Dans cette "oasis", nous découvrions Molinos, un autre village important et plutôt caractéristique

de cette région . Nous ne nous y attardions cependant pas ... nous avions déjà atteint la fin d' après-midi, et envisagions passer la nuit à Angastaco ; nous en étions distants de plusieurs dizaines de kilomètres encore ...

Envisager effectuer la boucle Salta-Cafayate  via les ruta 33, 40 et 68  nécessite obligatoirement qu' on y intègre au moins une étape nocturne . Effectivement, 330 km séparent Salta  de Cafayate  via Cachi  ; 165 km se font le long d' une piste aux conditions de circulation plus

qu' aléatoires . Par temps de pluie, on progresse encore beaucoup plus lentement le long de la ruta 40  : il n' est pas rare effectivement que les rivières inondent la piste, que ne se produisent des éboulis, la rendant alors, très difficilement praticable . Au milieu d' un environnement particulièrement aride, nous découvrions plusieurs vignobles occupant de très grandes étendues ... ils bénéficient ici, de sols pauvres et rocailleux, d' un climat sec, d' un excellent taux d' ensoleillement, autant d' éléments propices à une belle production .

En toute fin d' après-midi, nous atteignions Angastaco ... nous allions y passer la nuit (vous aurez pu juger de la qualité de notre hébergement

en lisant les lignes relatives aux renseignements pratiques ... Assez sordide !) .

Le soleil déclinait, il colorait de fort belle manière les reliefs acérés  qui entourent le paisible village ... Il faut bien l' avouer :  Angastaco  est abrité

au sein d' un décor assez exceptionnel !

Le lendemain, alors que nous venions à peine de quitter Angastaco, la ruta 40  allait nous offrir de plus spectaculaires décors encore ! Accrochant nos regards, nous n' allions pas cesser d' y marquer des arrêts, nécessités par la prise de nombreux clichés photographiques .

Décidément cet itinéraire nous offrait une palette assez incroyable de paysages différents .

Nous découvrions entre autres, las Flechas, des formations rocheuses très acérées semblant réellement sortir de terre .

Nous parcourions des dizaines de kilomètres d' une région désertique où quelques habitants encore, regroupés autour de villages de fortune, tentait d' exercer une activité agricole . Au fur et à mesure que nous nous approchions de l' oasis de Cafayate, cette présence humaine (ou les traces anciennes de présence humaine) était plus marquée .

Nous parvenions à Cafayate, une jolie petite bourgade de style colonial espagnol . A 1 660m d' altitude, elle occupe au pied des montagnes, un site assez exceptionnel .La petite ville s' anime principalement autour de sa jolie place où s' alignent les uns à côté des autres, les terrasses des cafés et des restaurants, mais aussi de petits marchés proposant tous, divers objets issus de l' artisanat local .

Cafayate  est entourée de magnifiques vignobles d' altitude et de bodegas dans lesquelles est assemblé le Torrontes, le vin le plus haut du monde ! Ainsi,  l' activité touristique principale consiste ici, à visiter une ou plusieurs bodegas et d' y goûter des vins réputés tels le Chardonnay Don David, les torontés viejo, l' Etchart privado ... N' étant absolument pas consommateurs de vin, nous nous en abstenions et jugions qu' au final, il n' y avait pas grand chose d' autre à découvrir à Cafayate ?!

Quittant la ville, nous abandonnions désormais complètement  la piste et empruntions la ruta 68  longeant le cours du rio Conchas .

Totalement asphaltée et en parfait état, nous allions ainsi la suivre jusqu' à rejoindre Salta .

Les paysages constitués de champs de vigne ont très vite laissé place à ceux sauvages, colorés et spectaculaires de la Quebrada de las Conchas 

(ou autrement appelée Quebrada de Cafayate) ... elle offre de vrais décors de far-west (supposions-nous, puisque nous ne les connaissons pas !) .

Par endroits, le vert tendre créé par la végétation squattant le lit du rio, contraste avec  harmonie avec le rouge, le rose, le jaune, l' ocre ou encore le noir des roches qui le bordent .

Ici, l' eau et le vent sont parvenus au cours du temps, à façonner de belle manière, une roche plutôt friable et modelable  . Ainsi, tour à tour, nous abordions des curiosités géologiques baptisées de noms tels los Castillos,  las Ventanas  et ainsi repérées le long de la route, par des panneaux en bois .

Prolongeant sur la route, nous découvrions d' autres sites tout aussi remarquables : El Obelisco (l' obélisque), El Fraile  (le moine), El Sapo 

(le crapaud) .

Au niveau de Tres Cruces, nous escaladions une petite dune de terre rouge ... A son sommet, depuis un petit espace aménagé, nous bénéficiions d' une très belle vision panoramique sur la vallée de las Conchas .

El Anfiteatro  est une toute autre curiosité géologique . Il s' est formé après qu' un ancien lac interne soit parvenu à creuser une cuvette au cœur

de la pierre . On y pénètre, en empruntant un "corridor" un peu à l' image de "The Siq" à Petra  (Jordanie), format miniature cependant !

Nous nous rendions encore, observer d' autres formations : la Garganta del Diablo  ou El Hongo  (le champignon), moins impressionnantes

nous a t' il semblé, plus nous nous éloignions de Cafayate . Puis nous pénétrions dans la beaucoup moins spectaculaire Quebrada de la Alemania, la dépassions et passions non loin du lac artificiel de Dique del Coral . Nous ne nous attardions plus désormais . Les paysages n' en valaient plus vraiment la peine et nous ne disposions pas de chambre sur Salta . Nous redoutions un peu qu' en ce week-end prolongé (1er Mai), notre recherche d' hébergement ne se révèle aussi  compliquée que celle de notre voiture de location  .

Après deux échecs dans les deux premières auberges contactées, l' Hostal la Salamanca  nous accueillait ... Nous y passions une bonne nuit !

Quelle belle diversité de paysages et de curiosités naturelles nous avait offert ce fabuleuxcircuit ... Nous étions enchantés l' avoir suivi .

Demain, nous allions poursuivre la découverte de cette belle région du Noroeste Argentino  dans un itinéraire nous menant cette fois,

au Nord  de Salta .

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